Séville avait ouvert la voie

Une semaine avant que le Barça ne se mesure à Arsenal en finale de la Ligue des Champions, le FC Séville avait déjà ouvert la voie d'un triomphe espagnol en s'adjugeant mercredi, à Eindhoven, la Coupe de l'UEFA (4-0) aux dépens de Middlesbrough. Quatre buts, œuvres de l'ancien Brésilien de Rennes, Luis Fabiano, de l'Italien Maresca, auteur d'un doublé, et de l'ex-Lyonnais Kanouté auront permis de balayer "Boro". 58 ans après son dernier trophée, Séville revient en pleine lumière.

Espagne 1 – Angleterre 0! L'Espagne était-elle à la veille d'un triomphe continental et d'un doublé UEFA-Ligue des Champions? La guerre des étoiles le mercredi suivant, au Stade de France, a répondu "Oui" à l'issue d'un duel d'une toute autre facture entre le FC Barcelone et Arsenal que cette finale de la Coupe de l'UEFA au rabais entre le cinquième de Liga (Séville) et le... quatorzième de la Premiership cette saison (Middlesbrough). En effet, entre la galaxie d'étoiles de Ronaldinho et la jeunesse triomphante de Thierry Henry, l'écart final a d'ailleurs été beaucoup plus restreint que ces quatre buts passés par les Sévillans aux Teesiders.

A Eindhoven, il n'y aura pas eu d'énième miracle pour les hommes du futur sélectionneur de l'équipe d'Angleterre, Steve McClaren. Le technicien rêvait sans doute, avant d'embrasser sa destinée internationale, de faire taire les pessimistes qui ne voient pas en lui l'homme capable d'assurer un destin doré à la sélection: c'est raté! Il aurait fallu mercredi, au Philipstadion, bien plus qu'un de ces renversements de situation de dernière minute dont "Boro" s'est fait le spécialiste cette saison sur l'autre scène européenne. Car ce FC Séville, plus technique, plus tactique et tout bonnement trop fort, ne pouvait pas chuter lors de cette finale.

"Boro" orphelin de Queudrue...

Que ce collectif espagnol, porté par un quatuor d'attaque redoutable, soit récompensé de quatre buts n'est finalement que justice tant Middlesbrough, en contre-point, sera apparu sans idées et sans génie, à l'image de ce jeu stéréotypé à destination d'un duo d'attaque Hasselbaink-Viduka vieillissant et dramatiquement statique. Les deux vieilles gloires ne se seront signalées qu'à une seule et unique reprise à un quart d'heure du coup de sifflet final quand l'ancien Blues de Chelsea mettait d'une remise sur orbite l'Australien dont la reprise non cadrée aurait pu tromper un Palop qui semblait battu (75e). Ce même Viduka qui dans la continuité de l'action était balancé en pleine surface par l'un des rares Sévillans à déroger aux canons techniques de l'équipe, ce charmant "Javi" Navarro, capitaine et âme de l'équipe. L'action méritait penalty, ce dont l'arbitre ne convenait pas.

La chance de "Boro", mené depuis la demi-heure de jeu (0-1, 25e) et une tête piquée d'école de l'ancien Rennais Luis Fabiano, bien servi par son compatriote brésilien Daniel Alves, était passée. Car le mérite de la formation anglaise, malgré l'écrasante domination sévillane dans le contrôle du jeu, était bien d'être encore en mesure d'égaliser à cet instant du match. Un retour au tableau d'affichage que Viduka avait déjà entrevu au retour des vestiaires sur une reprise que Palop avait su maîtriser tant bien que mal (51e). Mais le déchaînement des Espagnols dans le dernier quart d'heure récompensait bien les meilleurs. Trois buts coup sur coup comme autant de coups de poignard pour McClaren et ses joueurs KO debout et victimes d'un Enzo Maresca diabolique qui s'offrait un doublé magique (2-0, 78e ; 3-0, 84e), bien aidé à chaque fois par Jesus Navas, formidable piston de l'aile droite.

Le coup de grâce, dans une défense anglaise passée à trois éléments et totalement désarticulée après la sortie sur blessure de Franck Queudrue... à vingt minutes du coup de sifflet final, était porté par un Frédéric Kanouté ravi de participer à la fête (4-0, 89e). Le FC Séville, dont le dernier trophée remontait à... 1948 et une modeste Coup d'Espagne, pouvait exulter, comblé par cette Coupe de l'UEFA, la quatrième conquise par un club espagnol (Real Madrid 1985, 1986 et FC Valence 2004). Un joli lot de consolation intervenu alors à un mois tout juste de la Coupe du monde pour l'international tricolore Julien Escudé, sixième Français de l'histoire à toucher cette Coupe d'Europe-bis (*).